Mon périple médical
LA MORSURE
Je venais de terminer mes études universitaires et de déménager dans la région de Mont-Tremblant au Québec lorsque je me suis fait mordre par une tique à l’été 2003. La nymphe était si minuscule et située à un endroit si discret (au creux de l’aine droite) que je l’ai d’abord confondue avec un gros comédon. C’est ainsi que naïvement, j’ai tenté de le vider en le pinçant sans aucune délicatesse et sans grand succès. 4 jours plus tard, un petit sac de peau s’était formé autour du comédon, comme pour l’engloutir. J’ai donc pensé qu’il s’agissait plutôt d’un poil incarné infecté (commun en plein été dans la région de « la coupe bikini féminine») et j’y ai appliqué des compresses imbibées d’eau et de sel. Du matériel décomposé et d’étranges petits filaments noirs se sont échappés, mais même avec beaucoup d’imagination, je n’aurais pas pu corréler cette bouillie à la présence d’une tique. Quelques jours après, j’ai remarqué une zone de rougeur autour de la lésion et j’ai pensé que probablement l’eau que j’avais utilisé quelques jours plus tôt était trop chaude et qu’elle m’avait brûlé la peau sans que je m’en rende compte. Je me souviens très bien avoir eu une grippe d’enfer cet été là, quelques semaines après le « gros comédon étrange » parce que j’ai souffert de gros maux d’oreilles et de migraines dans l’avion alors que je partais en voyage. Je me souviens aussi m’être sentie épuisée, vidée comme jamais, au cours de ce voyage et surtout à mon retour. Au cours des années suivantes, une quantité épouvantable de symptômes se sont ajoutés, clairement dominés par une sensation d’épuisement extrême ainsi que par des désordres psychiatriques et gastro-intestinaux.
LES PREMIERS SYMPTÔMES
Mon emploi était très stressant et très exigeant, d’autant plus que j’avais cumulé un nombre considérable de nuits d’insomnie au cours des mes 5 années d’universités. Ce qui fait qu’au début, j’ai naturellement mis mes premiers symptômes sur le dos de la fatigue accumulée et sur le stress des responsabilités. Mais mes problèmes de santé ont continués à s'accumuler. À chaque nouveau symptôme qui apparaissait, une batterie de test étaient effectués, des spécialistes étaient consultés, un diagnostique précis était donné, des traitements étaient essayés, puis chaque essais échouaient. Épuisée et devant l’impuissance de la médecine conventionnelle, la scientifique à l’esprit cartésien que j’étais a pourtant dû se diriger vers les médecines alternatives. Sur mon parcours, je me suis un peu trop penchée sur la Psychosomatique… à un point tel que je mettais toute la responsabilité de mes symptômes sur le compte de mes vieux conflits psychologiques et sur mes capacités à les transcender. Il faut dire qu’à chaque procès – excusez mon lapsus! Je voulais dire à chaque « consultation » –, on me laissait sous-entendre que ma maladie était psychologique.
CHUTE LIBRE
À partir de février 2012, mon état s’est mis à se dégrader à vitesse grand V. Les traitements reçus aux Urgences ne m’aidaient pas, les spécialistes se lançaient la balle avec mon cas, et mon médecin de famille était complètement dépassé par mon interminable liste de symptômes. Pourtant, tous mes bilans sanguins étaient normaux. À l’été 2013, après 18 mois passés presqu'entièrement au lit et avec l’apparition d'une faiblesse extrême dans mes jambes et mes bras, j’ai demandé à consulter un médecin interne, croyant que seul un médecin avec une vision générale du corps pourrait enfin mettre le doigt sur le mal qui me rongeait. Dans son rapport médical, il a inscrit : « je doute que nous trouvions une quelconque pathologie chez cette patiente ». Et il a presque raison puisque tous les tests sanguins plus poussés, les radiographies, les IRM (résonnance magnétique) - et j'en passe - sont revenus négatifs!
RECHERCHES GOOGLE
Inquiets de voir ma santé s’étioler, des amis m’ont parlé de la maladie de Lyme. Je ne prenais pas leurs soupçons au sérieux puisque je n’avais pas le souvenir de m’être fait piqué par une tique ni d’avoir présenté la lésion classique d’érythème migrant. Qui plus est, les Hautes-Laurentides n’étaient absolument pas réputées comme étant une zone endémique! Mais par la force du désespoir, j’ai quand-même procédé à une petite recherche, question de me prouver que j’avais une certaine ouverture d’esprit devant les conseils d’amis. C’est à ce moment que je suis tombée sur des résultats de recherche cliniques dirigées par l’ILADS (International Lyme and Associated Diseases Society) et que la troublante similitude entre mon propre historique de symptômes et le tableau clinique de la forme chronique de Lyme m’a sautée aux yeux.
WELCOME U.S.A.
C’est donc avec l’appui de mon conjoint, de ma parenté, de mes amis et de mon médecin de famille - étant tous convaincus de ma bonne santé mentale -, que j’ai finalement décidé de consulter un médecin américain formé par l’ILADS. Un diagnostic a été posé sans aucune ambiguïté, et celui-ci tient la route et explique l’ensemble de mes symptômes. C’est une forme chronique de maladie de Lyme (stade 3) avec de multiples co-infections, dont les premiers symptômes se seraient vraisemblablement manifestés au cours de l’année 2003. Du même coup, j’ai aussi obtenu l’assurance que je ne suis pas folle et qu’il y a encore des médecins humains et compatissants dans ce monde! Et ça, ça n’a pas de prix! J’ai ré-hypothéqué ma maison pour pouvoir payer mes soins de santé. Enfin, j’espère que je pourrai assumer les coûts de mes 2 à 3 ans de traitements qui s’en viennent...
Je venais de terminer mes études universitaires et de déménager dans la région de Mont-Tremblant au Québec lorsque je me suis fait mordre par une tique à l’été 2003. La nymphe était si minuscule et située à un endroit si discret (au creux de l’aine droite) que je l’ai d’abord confondue avec un gros comédon. C’est ainsi que naïvement, j’ai tenté de le vider en le pinçant sans aucune délicatesse et sans grand succès. 4 jours plus tard, un petit sac de peau s’était formé autour du comédon, comme pour l’engloutir. J’ai donc pensé qu’il s’agissait plutôt d’un poil incarné infecté (commun en plein été dans la région de « la coupe bikini féminine») et j’y ai appliqué des compresses imbibées d’eau et de sel. Du matériel décomposé et d’étranges petits filaments noirs se sont échappés, mais même avec beaucoup d’imagination, je n’aurais pas pu corréler cette bouillie à la présence d’une tique. Quelques jours après, j’ai remarqué une zone de rougeur autour de la lésion et j’ai pensé que probablement l’eau que j’avais utilisé quelques jours plus tôt était trop chaude et qu’elle m’avait brûlé la peau sans que je m’en rende compte. Je me souviens très bien avoir eu une grippe d’enfer cet été là, quelques semaines après le « gros comédon étrange » parce que j’ai souffert de gros maux d’oreilles et de migraines dans l’avion alors que je partais en voyage. Je me souviens aussi m’être sentie épuisée, vidée comme jamais, au cours de ce voyage et surtout à mon retour. Au cours des années suivantes, une quantité épouvantable de symptômes se sont ajoutés, clairement dominés par une sensation d’épuisement extrême ainsi que par des désordres psychiatriques et gastro-intestinaux.
LES PREMIERS SYMPTÔMES
Mon emploi était très stressant et très exigeant, d’autant plus que j’avais cumulé un nombre considérable de nuits d’insomnie au cours des mes 5 années d’universités. Ce qui fait qu’au début, j’ai naturellement mis mes premiers symptômes sur le dos de la fatigue accumulée et sur le stress des responsabilités. Mais mes problèmes de santé ont continués à s'accumuler. À chaque nouveau symptôme qui apparaissait, une batterie de test étaient effectués, des spécialistes étaient consultés, un diagnostique précis était donné, des traitements étaient essayés, puis chaque essais échouaient. Épuisée et devant l’impuissance de la médecine conventionnelle, la scientifique à l’esprit cartésien que j’étais a pourtant dû se diriger vers les médecines alternatives. Sur mon parcours, je me suis un peu trop penchée sur la Psychosomatique… à un point tel que je mettais toute la responsabilité de mes symptômes sur le compte de mes vieux conflits psychologiques et sur mes capacités à les transcender. Il faut dire qu’à chaque procès – excusez mon lapsus! Je voulais dire à chaque « consultation » –, on me laissait sous-entendre que ma maladie était psychologique.
CHUTE LIBRE
À partir de février 2012, mon état s’est mis à se dégrader à vitesse grand V. Les traitements reçus aux Urgences ne m’aidaient pas, les spécialistes se lançaient la balle avec mon cas, et mon médecin de famille était complètement dépassé par mon interminable liste de symptômes. Pourtant, tous mes bilans sanguins étaient normaux. À l’été 2013, après 18 mois passés presqu'entièrement au lit et avec l’apparition d'une faiblesse extrême dans mes jambes et mes bras, j’ai demandé à consulter un médecin interne, croyant que seul un médecin avec une vision générale du corps pourrait enfin mettre le doigt sur le mal qui me rongeait. Dans son rapport médical, il a inscrit : « je doute que nous trouvions une quelconque pathologie chez cette patiente ». Et il a presque raison puisque tous les tests sanguins plus poussés, les radiographies, les IRM (résonnance magnétique) - et j'en passe - sont revenus négatifs!
RECHERCHES GOOGLE
Inquiets de voir ma santé s’étioler, des amis m’ont parlé de la maladie de Lyme. Je ne prenais pas leurs soupçons au sérieux puisque je n’avais pas le souvenir de m’être fait piqué par une tique ni d’avoir présenté la lésion classique d’érythème migrant. Qui plus est, les Hautes-Laurentides n’étaient absolument pas réputées comme étant une zone endémique! Mais par la force du désespoir, j’ai quand-même procédé à une petite recherche, question de me prouver que j’avais une certaine ouverture d’esprit devant les conseils d’amis. C’est à ce moment que je suis tombée sur des résultats de recherche cliniques dirigées par l’ILADS (International Lyme and Associated Diseases Society) et que la troublante similitude entre mon propre historique de symptômes et le tableau clinique de la forme chronique de Lyme m’a sautée aux yeux.
WELCOME U.S.A.
C’est donc avec l’appui de mon conjoint, de ma parenté, de mes amis et de mon médecin de famille - étant tous convaincus de ma bonne santé mentale -, que j’ai finalement décidé de consulter un médecin américain formé par l’ILADS. Un diagnostic a été posé sans aucune ambiguïté, et celui-ci tient la route et explique l’ensemble de mes symptômes. C’est une forme chronique de maladie de Lyme (stade 3) avec de multiples co-infections, dont les premiers symptômes se seraient vraisemblablement manifestés au cours de l’année 2003. Du même coup, j’ai aussi obtenu l’assurance que je ne suis pas folle et qu’il y a encore des médecins humains et compatissants dans ce monde! Et ça, ça n’a pas de prix! J’ai ré-hypothéqué ma maison pour pouvoir payer mes soins de santé. Enfin, j’espère que je pourrai assumer les coûts de mes 2 à 3 ans de traitements qui s’en viennent...